Groupe FC: interview de Florent Clouvel

A l’heure du déconfinement qui approche, Florent Clouvel, directeur du groupe FC prend la parole.

  • La France est confinée depuis plus de 40 jours maintenant. Quel est votre ressenti vis-à-vis de cet état d’urgence sanitaire ?

De l’incompréhension pour commencer. Le coronavirus a eu un impact d’une ampleur que nous n’avons jamais connue avec un discours de guerre fort, la fermeture des commerces, des entreprises, etc. Voir son activité gelée du jour au lendemain est une situation inédite pour un chef d’entreprise. Les 15 premiers jours m’ont sidérés.

Les premiers émois passés, je me suis retrouvé vivement intéressé par le covid-19. J’ai cherché à comprendre son impact sur l’économie nationale et européenne d’une manière générale et puis, bien-sûr, les conséquences les différents secteurs de l’immobilier.

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  • Presque toutes les entreprises sont à l’arrêt depuis le mois de mars. Quel état des lieux faites-vous de l’activité du groupe FC ?

Nous avons dû faire face à une gestion de crise différente pour les deux activités : l’agence immobilière et la promotion.

La promotion immobilière à Sanary a été à l’arrêt complet pendant un certain temps pour respecter les consignes de confinement et éviter la transmission du virus. Nous avons pu redémarrer les chantiers avec des normes drastiques d’hygiène et de nouvelles façons de travailler (distributeur de gel hydr-alcoolique à tous les niveaux, désinfection des chantier plusieurs fois par jour, etc). La situation est difficile mais les ouvriers peuvent continuer à travailler en sécurité sanitaire, ce qui est le plus important.

L'agence immobilière est gérée par mon fils Morgan F. L’adaptation a été plus facile et rapide à organiser dans la mesure où le télétravail est possible. FC Agence continue une activité 100% dématérialisée avec de nouveaux services mis en place pour le confinement (estimation virtuelle et signature électronique) et les agents immobiliers qui travaillent depuis chez eux. Ces processus ont permis aux dossiers sous offre ou sous compromis de suivre leurs cours sans désengagement des parties. Alors, bien sûr, même si l’activité continue elle reste au ralenti. Nous devons, par exemple, faire face à du retard sur certains aspects, notamment avec la suspension de la DIA qui bénéficie aux logements sociaux et qui rallonge les délais pour signer la vente. On s’aperçoit malgré tout que les notaires se mettent en place comme il le peuvent pour suivre les dossiers et que les acquéreurs potentiels restent intéressés par l’immobilier.


  • 2020 s’annonçait comme une grande année pour l’immobilier avec le prix du m² et le nombre de vente en hausse. Sans avoir une parole de prophète, comment visualisez-vous le déconfinement pour le marché immobilier ?

D’après les récentes déclarations des responsables politiques nationaux, nous devrions réouvrir la deuxième quinzaine de mai. Une nouvelle organisation au sein des entreprises sera bien sûr inévitable pour continuer à respecter les gestes barrières et éviter une seconde vague épidémique.

Malgré tout, l’INSEE, lors de son enquête mensuelle quant à la confiance des ménages, enregistre une nette baisse concernant leur opportunité à faire des achats importants. Or cet indicateur est une clé primordiale pour les investissements immobiliers. Les recherches réalisées m’amènent à penser que le marché immobilier connaîtra une baisse du nombre de vente plus qu’une baisse du prix au m². Il y aura toujours des transactions mais qui reprendront progressivement.

Par ailleurs, il se peut que la crise sanitaire devienne une crise bancaire.
90% des commerces sont arrêtés et vont se retrouver en incapacité à payer les traites de crédits malgré les mesures d’aide de l’Etat. Le risque de faillite de nombreuses entreprises est réel.
De plus, les « bons pères de famille » vont agir et changer l’orientation de leurs placements, les retirer pour investir dans les valeurs refuges (l’or ou l’immobilier) et fragiliser les banques.
La faillite des entreprises les plus fragiles et le retrait des placements va nécessairement fragiliser les banques.
2020, qui avait connu des premiers mois remarquables sur le marché immobilier en France est « une année ratée ». J’espère que 2021 sera de meilleur augure et connaîtra un retour à la normale.


  • Le gouvernement a cherché à soutenir les ménages et les entreprises en prenant des mesures financières importantes. Avez-vous des attentes particulières de la part des pouvoirs publics pour la relance économique ?

La plus grande inquiétude des entreprises à ce jour est le manque de vision sur les mois, ou ne serait-ce que sur les semaines à venir. L’absence d’anticipation et le fait de devoir vivre au jour le jour nous empêche de nous organiser comme il se doit et de prendre les mesures qui s’imposent. Lors de la réouverture des commerces, toute l’énergie et tout le temps des chefs d’entreprises devront être focalisés la reconstitution d’un chiffre d’affaires et inciter les ménages à consommer pour relancer l’économie plutôt qu’à épargner. Or nous devons faire face à une crise de confiance de la part des ménages. Beaucoup sont au chômage partiel, ont perdu leur travail et j’ai peur que ce nombre ne fasse qu’augmenter avec les entreprises les plus fragiles qui seront dans l’obligation de remercier des collaborateurs.

Par ailleurs, les PME, TPE et autoentrepreneurs n’ont pas tous les moyens de s’offrir des services de marketing et de communication professionnels et vont devoir faire comme ils peuvent pour attirer, se démarquer, relancer la production, communiquer et j'en passe, en plus d’une reprise extrêmement compliquée.

Le principal frein à un redémarrage efficace des commerces et entreprises que je vois, la difficulté que je ressens par mon expérience, est à la fois la plus récurrente et la plus vive dans les échanges avec d’autres chefs d’entreprise: la charge administrative. Nous vivons dans un pays sur-administré, un pays qui connait un surplus de normes et de réglementations qui paralysent les activités, un pays dans lequel il est devenu presque impossible d’entreprendre tant c’est décourageant.

Une relance économique du pays passera nécessairement par une simplification des procédés. La France compte de grands talents, un réel savoir-faire et un peuple travailleur, responsable et qui a envie de bien faire. On ne pourra pas relancer l’économie d’un pays en continuant à taxer le travail tel qu’il l’est en France, en demandant à un artisan d’être une usine administrative, en nous imposant de courir le 100 m aux JO avec un boulet de 10 Kg à chaque pied.

Aujourd’hui, les TPE, PME et autoentrepreneurs doivent pouvoir se concentrer pleinement sur leur activité et exercer leur cœur de métier ; j’espère vivement que les pouvoirs publics en ont conscience et qu’ils vont prendre les mesures adaptées pour aider les plus fragiles à s’en sortir.

« J’attends des pouvoirs en place de la souplesse et du bon sens pour permettre aux PME, TPE et autoentrepreneurs de relancer leur activité comme il se doit. »
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